
Il y a bientôt trois ans, L’actualité, un prestigieux magazine d’affaires publiques très connu au Canada a été acquis par une entreprise de l’économie numérique ; MishMash Media
Il y avait derrière cet achat la volonté de définir de nouveaux espaces de revenus dans l‘univers numérique pour un magazine traditionnel. En septembre L’actualité a publié un nouveau numéro censé refléter les nouvelles approches mises sur pied par la direction. Mathieu Carbasse est chef du pupitre numérique au magazine et répond aux questions de Mammouth sur l’influence du numérique dans les nouvelles façons de faire de L’actualité.
Mammouth numérique (MN) : Parlez-nous un peu de votre rôle au sein de L’actualité?
Mathieu Carbasse (MC) : Je suis responsable des publications numériques, alors une partie de mon travail est plutôt traditionnelle comme l’optimisation des contenus produits à l’origine pour le papier et diffusés en mode numérique. Mais j’assume également la charge des publications numériques natives. Une grande part des contenus produits par notre équipe de journalistes est créée de manière exclusive pour le Web. À l’heure actuelle, L’actualité est vraiment au carrefour du Web et du papier. Quand nous pensons à un bon sujet magazine, nous pensons également à un bon sujet Web.
MN : Quelle est l’influence du numérique dans la nouvelle mouture du magazine lancée en septembre?
MC : La première étape de travail lors de l’achat de L’actualité a été de consolider le magazine. Ensuite, il est passé de 20 à 12 numéros par an. L’étape suivante, celle où nous sommes; c’est le numérique qui devient le centre de gravité du magazine. En avril dernier, nous avons installé sur notre site ce qui est appelé en jargon un « Hard Pay Wall », un volet autour de nos contenus. Le visiteur a droit à deux articles gratuits. S’il veut en lire deux de plus, il doit s’abonner à notre infolettre et au-delà de ces quatre articles au total, il doit s’abonner et payer.
MN : Est-ce que ça fonctionne?
MC : Les premiers résultats paraissent positifs. En fait, pour le moment, tous les indicateurs sont au vert. Nous nous méfions évidemment, nous connaissons notre milieu et le contexte dans lequel évoluent les magazines, donc au final on se dit que nous pourrons évaluer solidement seulement après un an, mais pour l’instant nous sommes très satisfaits. Nous avons plus de nouveaux abonnés et aussi plus de nouveaux lecteurs. En termes de nouveaux abonnés, il s’agit d’un sommet depuis la reprise du magazine. Nous avions cru au départ que le mur payant allait faire diminuer le nombre de visiteurs, mais il s’est au contraire accru.
MN: Est-ce qu’il existe d’autres éléments de votre stratégie numérique qui pourraient vous permettre de générer davantage de revenus?
MC: Il va y avoir de nouvelles approches avec les annonceurs, mais L’actualité demeure un média d’informations et ne va pas s’accoler à une plateforme de commercialisation de produits de consommation par exemple. L’idée est d’augmenter et de varier nos sources de revenus.
MN: À quelle hauteur espérez-vous que les revenus numériques pourront s’élever grâce à la nouvelle approche?
MC: Nous en saurons davantage après un an à vivre l’expérience. Mais je souhaite préciser qu’une bonne partie de l’amélioration, lorsque l’on parle d’accroitre les revenus, n’est pas nécessairement visible sur le Web et se situe derrière le site. Notre base d’abonnements a également migré entièrement en mode en numérique et cela nous permet d’améliorer significativement notre taux de réabonnements alors que nous profitons aussi de nouveaux abonnements.
MN: Comment est-ce que ces péripéties numériques sont vues par l’équipe de journalistes?
MC: Ils sont très heureux de la nouvelle plateforme où leurs contenus sont mieux mis en valeur et comme ils sont évidemment conscients du contexte économique qui entoure les magazines, la plateforme leur donne de l’espoir.
MN: Comptez-vous implanter d’autres stratégies à saveur numérique?
MC: Je ne peux rien révéler, mais il y aura certainement de nouvelles étapes. Un avantage de notre petite équipe c’est que nous pouvons discuter plein de projets et qu’il y a une grande ouverture face à l’innovation.